Pakistan

Lahore

Carole & Mike

19 oct. 2018

Lahore

Lahore – 14.10.2018

Lahore, Usman et sa femme habitent le rez-de-chaussée d'une jolie villa composé de deux chambres, – chacune équipée d'une salle de bain –, d'une cuisine, et de deux séjours. Il s'agit d'une particularité des demeures pakistanaises musulmanes qui permet d'accueillir les femmes dans une des pièces et ces messieurs dans l'autre et qui a pour but que les femmes puissent retirer leur voile et être à l'abri du regard des hommes. 

Habitué à côtoyer des Occidentaux de par son métier, Usman nous reçoit cependant à l'Européenne et nous met à l'aise dès notre arrivée. Une des chambres nous est attribuée et c'est là que nous passerons la semaine, à la fraîcheur de l'air conditionné. 

Nous apprenons beaucoup à leurs côtés, une des premières leçons concerne le fameux shalwar kameez, cette tenue traditionnelle pakistanaise composée de deux pièces. Le shalwar est un pantalon large à la taille et serré aux chevilles. La partie supérieure du pantalon comprend un cordon, qu'on sert à la taille, et qui crée une série de plis, plus ou moins nombreux, en fonction de la coupe du pantalon. Il faut un minimum de 8 m de tissu pour créer un shalwar. Le kameez est une tunique qui arrive jusqu'aux genoux avec un col et des manches de chemises. Il y a deux poches discrètes sur les côtés et une poche sur le torse, côté gauche. Les textiles, couleurs et broderies se déclinent en fonction des occasions (quotidien, mariage, etc.). Il existe aussi le kurta, une chemise dépourvue de col, porté autant par les hommes que par les femmes ; et le pajama, un pantalon à coupe droite.

Après un petit déjeuner local, nos hôtes nous emmènent dans un espèce d'énorme centre commercial à l'américaine, l'Emporium Mall, abritant plus de 200 magasins et un hôtel cinq étoiles. Voici un décor bien différent de celui de ces derniers jours... Modernité, propreté, dynamisme et technicité sont autant d'adjectifs qui qualifient ce lieu. Une belle surprise et un choc des contrastes avec la saleté, la pauvreté et l'insalubrité qui règnent à seulement quelques mètres de là ! Le Pakistan montre ici son savoir-faire et c'est impressionnant !

Nous ne sommes pas au bout de nos surprises alors que nous nous rendons à la Food St Fort Rd : une ruelle reconstruite et ouverte en 2012 comme attraction touristique. Elle ravit petits et grands en offrant différents spectacles de rue avec des animaux ou des marionnettes.

La terrasse panoramique du Haveli Restaurant s'ouvre sur les toits de Lahore et sur les dômes éclairés de la Mosquée Badshahi et de ses minarets. Usman nous fait découvrir quelques spécialités culinaires locales et nous nous régalons.

Nous terminons avec une petite promenade digestive dans les rues marchandes et bondées avant de rentrer dormir. Quelle journée ! Nous ne nous attendions pas à découvrir une ville si animée et quelque part si normale, et surtout si loin des clichés médiatiques véhiculant des images de guerre et de désolation, de tensions et de dangers en tout genre !

 

Wagha-Attari Ceremony – 15.10.2018

Aujourd'hui est un événement très attendu pour nous, celui de la Wagha-Attari Ceremony.

Tous les soirs, vers 18h, Pakistanais et Indiens s'amassent de part et d'autre de la frontière pour assister à la fermeture pour la nuit de cette dernière, avec la clôture des portails et le baissé des drapeaux. À cette occasion, les garde-frontières se prêtent à une chorégraphie orchestrée de main de maître, alliant parade militaire intimidante et attitude de défiance, synonyme des relations tendues qu'entretiennent les deux pays. Ils finissent cependant par se serrer la main sous les applaudissements et les cris de la foule survoltée.

Usman nous presse à la fin du spectacle pour rencontrer les garde-frontières et prendre quelques clichés. Nous sourions à la vue de ces mastodontes alors que Pakistanais et Indiens sont de nature plutôt petits. Puis, comme à l'accoutumée, c'est nous qui devenons le centre d'intérêt de la foule faisant tout à coup l'objet des selfies et des poignées de main

La soirée ne s’arrête pas là, nous sommes invités dans la famille de la femme de ménage d'Usman et sommes émus de leur accueil. C'est dans une unique et sobre pièce à tout faire que nous sommes accueillis. Les enfants ont prévu des danses et des cadeaux.

Et c'est dans la modeste église catholique de ces fidèles paroissiens que nous terminons les réjouissances. Ils sont fiers de nous la présenter, alors que se prépare en ces jours mêmes le mariage de l'aînée de la famille.

Une occasion pour nous de faire une petite parenthèse conjugale et religieuse sur les us et coutumes de ce pays. Le Pakistan compte plus de 90% de musulmans, pour seulement 2% de chrétiens. De ce fait, les chrétiens observent un certain respect vis-à-vis de leurs confrères religieux, notamment concernant leur tenue vestimentaire : membres couverts et port du hijab pour la plupart des femmes, bien qu'il ne soit pas obligatoire ici, contrairement à l'Iran.

La plupart des mariages sont encore des mariages d'intérêt, autant chez les musulmans que chez les chrétiens. Les femmes le perçoivent comme quelque chose de naturel, puisqu'elles ont grandi avec cette éducation, suivant l'exemple de leur mère et de leurs grands-mères avant elle. Cependant, et avec la diffusion de plus en plus fréquente des films hollywoodiens prônant les relations amoureuses, la mentalité des jeunes femmes change, ainsi que l'ouverture d'esprit de leurs parents.

Un Pakistanais musulman peut avoir jusqu'à quatre femmes. Perçu comme incompréhensible dans notre culture occidentale, ce fait vise pourtant à éviter les relations extraconjugales. Chaque femme doit être traitée de manière équivalente : une ne saurait recevoir un bijou, sans que l'autre en ait un aussi. Il en va de même pour le logement ou les enfants. Subséquemment, peu d'hommes pratiquent la polygamie, car peu d'entre eux ont les moyens de le faire. Et plus surprenant encore, c'est en général la femme qui va chercher à trouver une seconde épouse pour son mari, même si elles sont entre elles plutôt jalouses.

Pour clore cette parenthèse conjugale et religieuse, notons que la condition des femmes au Pakistan varie considérablement entre ville et campagne et selon les classes sociales. Si l'éducation et l'accès à des métiers tels que médecin, professeur ou scientifique leur sont ouverts, en moyenne, la relation des femmes vis-à-vis des hommes reste celle de la subordination. Les mœurs ayant de la peine à évoluer, elles sont encore et continuellement dévalorisées et malheureusement encore trop souvent battues.

Parenthèse close sur le sujet, nous prenons congé de nos hôtes après un moment convivial et chaleureux en leur présence et les remercions pour leur gentillesse à notre égard.

 

Quelques jours encore… – 16.-19.10.2019

Nous passons les jours qui suivent à diverses tâches telles que menues réparations sur le camion et formalités administratives. A ce sujet, notre visa de transit touche à sa fin. Pour être plus exact, il est même échu. Alors que nous pensions pouvoir le prolonger à Lahore, on nous informe qu'il faut nous rendre à Islamabad. Soit, il en sera ainsi. Ça nous donnera l'occasion de découvrir encore un peu de ce pays que nous étions pressés de traverser mais qui a, du coup, fortement éveillé notre curiosité !

Nous profitons encore de quelques visites de la ville, accompagnés par le chauffeur d'Usman et un de ses collaborateurs, Malik, qui se font tous les deux une joie de s'improviser guides touristiques pour l'occasion avec au programme: le Lahore Museum, un bel exemple d'architecture de la période coloniale britannique...

le Minar-e-Pakistan, un minaret construit en 1960 en commémoration de la résolution de Lahore - demande d'un état musulman appelé Pakistan...

le Fort de Lahore et les jardins de Shalimar, érigés par l'Empereur Moghol Shah Jahan (à l'origine également du Taj Mahal en Inde)...

et la Mosquée Badshahi, la cinquième plus grande mosquée au monde, représentation également de l'architecture moghole. Sa cour peut accueillir jusqu'à 100'000 fidèles.

 
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