Préparatifs 2

Il est ou l' camion ?

Carole

1 fév. 2018

Camion Cellule

Que s’est-il donc passé pendant ces longs mois d’absence « radio » ? Et pourquoi ne sommes-nous pas déjà quelque part sur les routes d’Asie ?

lavori-in-corso-willy-cojote.jpg

A l’heure du départ pour la Corse en juillet dernier, nous vous faisions part des travaux inachevés que nous allions devoir terminer nous-mêmes (voir  Au revoir Italie, bonjour Corsica ). Figurez-vous qu’il ne s’agissait pas juste de fixer une génératrice et un store comme nous nous l’étions imaginés au départ mais que la tâche était bien plus ardue que prévue ! Voilà le récit de ces derniers mois. Il vous aidera à comprendre pourquoi cela nous a pris autant de temps mais aussi pourquoi le coeur n'était pas à l'écriture.

Dès notre retour en Suisse, les festivités ont commencé avec l'achat du matériel manquant qui a mis un mois pour nous être livré au lieu des 3-4 jours ouvrables mentionnés sur la facture. Non contents du retard, les fournisseurs se sont en plus trompés dans la commande. La marchandise nous est donc parvenue fausse et incomplète !

Si Mike a pu rapidement monter le store extérieur, la génératrice, quant à elle, lui a donné bien du fil à retordre ! Il n’y avait tout simplement pas la place suffisante sous le camion, contrairement aux dires des Italiens. Mike a donc dû démonter le réservoir de gaz et en commander un autre, plus compact, pour réussir à caser les deux éléments. On vous passera les détails du parcours du combattant pour réussir à trouver les pièces de raccord adéquates car bien sûr, il ne nous a pas été possible de récupérer celles du réservoir initial par faute de compatibilité.

Ceci dit, passons à la climatisation. L’épisode caniculaire de l'été dernier nous a permis de nous rendre compte que l'appareil installé n’était pas assez puissant pour la dimension de notre véhicule. De plus, le montage des circuits d'air de l'échangeur était faux, ce qui créait une surchauffe à l'intérieur de la soute et ne permettait de ce fait pas un rafraîchissement optimum de la cellule. Il a donc fallu remplacer l'appareil installé par une climatisation plus puissante et adapter les circuits.

A ce propos, si quelqu’un a besoin d’un réservoir de gaz de 55 litres ou d’une climatisation neuve pour sa caravane ou son camping-car, faites-le-nous savoir !

Ceci faisant, nous étions régulièrement confrontés à des coupures d’électricité. Après avoir vérifié l’ensemble du réseau électrique, Mike s’est rendu compte que certains câbles n’étaient pas branchés correctement ou tout simplement oubliés. Les batteries défectueuses ont dû être remplacées sous garantie. L’ensemble du système solaire a dû être révisé par le fournisseur d’énergie et les éléments défectueux réparés ou changés. La cellule a finalement été dotée d’un panneau de contrôle qui nous permet maintenant de vérifier nos productions et consommations ainsi que de cibler de manière facile et fiable les éventuels dysfonctionnements.

Il nous a fallu aussi changer le radiateur du camion qui était partiellement bouché afin d'éviter la surchauffe du moteur dans les montées, et équiper le véhicule d'un Webasto pour l'hiver afin de garantir le démarrage du moteur pour des températures en-dessous de -15°C.

Pour terminer, nous nous sommes aperçus que les lames d’amortissement, fraîchement renforcées en Italie par une entreprise spécialisée dans la mécanique sur camion, n'étaient finalement pas assez résistantes pour le poids de notre véhicule. De retour en Suisse, Mike a pris contact avec un fournisseur de suspensions pour poids lourds afin d'obtenir les lames de ressort les plus résistantes disponibles pour notre véhicule de près de 10 tonnes. Après un mois et demi d'attente sur la livraison et près de deux semaines de travail passées à remplacer les lames, Mike n'a pu constater aucune amélioration quant au résultat: les suspensions étaient toujours trop tassées. C'est lors d'un nouvel entretien téléphonique, avec un technicien de chez M.A.N., que Mike apprend qu'on ne lui a pas livré le bon paquet de lames. Il existe, pour notre type de véhicule, des ressorts de 10 tonnes à 9 lames, contrairement à ceux posés de 6.8 tonnes à 4 lames. Et voilà comment, tout courbaturé et couvert de bleus, Mike se retrouve à quatre pattes sous le camion, pour la troisième fois, à soulever un poids de misère dans des postures qui en blesseraient plus d’un, à refaire le travail mal effectué des autres… Décidément, l’expression « on est jamais mieux servi que par soi-même » n’aura jamais eu autant de sens ! Pour couronner le tout, le premier paquet de lames ayant déjà été posé ne nous sera ni repri, ni remboursé par le fournisseur, seule une réduction supplémentaire de 10% nous sera accordée pour le malentendu...

Pour la petite parenthèse, avez-vous déjà travaillé sous un camion, sans fosse, couché ou à genoux toute la journée sur une dalle à température hivernale ambiante extérieure, sans connaissance mécanique ou technique particulière, seul, avec comme guides les tutos et schémas trouvés sur internet ? Heureusement, nous avons pu compter sur les conseils avisés d'Arnaud, notre ami mécanicien du Garage Charly Troillet SA, agence principale M.A.N. à Sion, qui a su nous aiguiller dans les moments les plus durs et nous l'en remercions chaleureusement.

Je tiens à soulever ici la performance que mon homme réalise chaque jour dans la construction et l’amélioration de notre camion d’expédition et je lui tire mon chapeau pour le résultat obtenu. C’est un incontestable exploit d’avoir réalisé seul tous ces travaux. Il est mon véritable champion dans cette histoire. Il a toute ma reconnaissance et mon amour pour son acharnement à l’ouvrage, des mois de persévérance, sans lesquels nous ne pourrions jamais entreprendre notre voyage, et ceux sans reconnaissance si ce n’est celle du travail accompli.

Notre aventure a débuté il y a maintenant deux ans. Rappelez-vous de notre premier article sur ce blog  L’aventure commence ! , posté en février 2016. A l’époque, nous atténuions nos ressentis face aux soucis, mal à l’aise de parler de nos difficultés et de nos problèmes alors que nous projetions de partir en voyage. Aujourd’hui, je pense pouvoir dire sans gêne que nous sommes fiers d’avoir surmonté ces épreuves du quotidien qui nous poussaient à renoncer à notre rêve : 24 mois sans logement fixe, dont les 6 derniers mois à vivre dans notre camion soit à l'intérieur d'un atelier ou sur la place de celui-ci, au milieu des odeurs de carburant et de gaz d'échappement, un camion avec un moteur cassé après seulement 700 km, une première cellule qui nous est passée sous le nez, une seconde cellule remise avec 12 mois de retard, incomplète et pleine de malfaçons, des surcoûts importants créant d’incessantes inquiétudes financières, du stress sur l'instabilité de notre situation au quotidien, sans compter les tensions générées par tous ces éléments sur notre couple qui heureusement en ressort plus soudé que jamais !

J’en profite pour remercier ici les personnes qui, au lieu de railleries de notre situation et du fait que nous ne sommes toujours pas sur la route, ont su trouver les mots réconfortants ou encourageants ou ont su nous tendre la main pour nous soutenir dans nos épreuves. C’est grâce à elles que nous gardons la tête haute et fière de notre projet et que nous nous réjouissons aujourd’hui de partir enfin.

Notre passage en Suisse touche à sa fin. Il reste de la soudure à faire pour renforcer le porte-bagage et le fixer définitivement afin de commencer le chargement des caisses et du matériel pour le voyage, ainsi que l'expertise finale du véhicule. Dans combien de temps, combien de jours nous direz-vous ? Ne nous le demandez pas, ceci ne dépend pas de nous... mais vous le constaterez de vous-même bientôt sur notre blog.

 
blog comments powered by Disqus